Covid et trouble de la santé mentale : 1 Belge sur 5 concerné

La santé mentale fait l’objet d’une attention continue au sein des enquêtes de santé COVID-19 de Sciensano. De nombreuses recherches de par le monde témoignent des effets néfastes de la pandémie sur la santé mentale des populations. Aujourd’hui, tous les indicateurs de santé mentale révèlent que la population est très éprouvée. Plus de 20 % des Belges sont concernés et les différents services d’aide sont saturés, enregistrant une hausse des demandes d’aides exponentielle. Retour et commentaires sur les principaux résultats de cette enquête.

Des chiffres alarmants

D’après une étude menée en décembre 2020 par Sciensano auprès de 30 000 personnes âgées de plus 18 ans, les troubles de santé mentale ont augmenté à tous les niveaux depuis le début de la pandémie. Aujourd’hui, près d’un Belge sur 5 est concerné par des troubles de la santé mentale. Des chiffres alarmants qui devraient ne laisser personne indifférent. « La santé mentale est – et reste encore – un sujet tabou pour de nombreuses personnes. Une grande partie des personnes concernées n’osent pas demander de l’aide car elles craignent que cela soit considéré comme un aveu de faiblesse. C’est donc une partie de la santé qui est souvent mise de côté. Aujourd’hui, la crise du Covid révèle à quel point la santé mentale est importante », commente Stéphanie van de Perre, fondatrice et coach chez Growing Attitude.

Anxiété et dépression

 D’après l’enquête, 23 % de la population manifeste des troubles anxieux et 22 % souffrent de troubles dépressifs, soit un nombre qui dépasse celui de la 1re vague de l’épidémie de COVID-19 en Belgique. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à éprouver des troubles de l’anxiété. Les jeunes de 18-24 ans sont de loin les plus touchés par l’anxiété (39 %) et la dépression (37 %). Près de la moitié des jeunes estiment leur vie comme très peu satisfaisante, alors qu’en 2018 ils n’étaient que 11,5 % dans le cas. Ils sont très affectés par les bouleversements dans les sphères estudiantines, sociales et de loisirs, à un âge où les activités avec les pairs ont une place fondamentale dans leur expérience de vie.

Les personnes vivant seules (ou seule avec des enfants) sont significativement plus affectées par les troubles de l’anxiété et de la dépression que les personnes en couple avec ou sans enfants. Le niveau d’éducation comme indicateur du statut social et économique est également un facteur influent. Depuis le début de la crise, le statut professionnel des individus est un facteur discriminant pour les troubles anxieux et dépressifs. Avoir un travail rémunéré agit comme un facteur protecteur, par rapport à celui des individus en recherche d’emploi et des personnes en invalidité. Les pensionnés (sont les moins nombreux à présenter des troubles anxieux (10 %) et dépressifs (11 %).

Les troubles anxieux semblent fluctuer au gré de l’évolution des contaminations, tandis que les troubles dépressifs semblent davantage liés aux mesures restrictives mises en place pour freiner la propagation du virus.

Troubles du sommeil

La crise du coronavirus, par le stress et l’anxiété qu’elle génère, peut aussi provoquer des troubles importants du sommeil. Les troubles du sommeil concernent 73 % des adultes, un chiffre qui demeure extrêmement élevé. « Les troubles du sommeil ont un impact sur les défenses physiques et psychologiques. S’ils deviennent structurels, ils peuvent mener, par manque d’énergie à un désinvestissement des contacts sociaux, voire une isolation sociale. Il faut donc y être particulièrement attentif », conseille Stéphanie van de Perre.

Satisfaction de vie

L’enquête a aussi mesuré la satisfaction de vie des répondants, un jugement subjectif que l’on porte sur son existence dans sa globalité. Elle est estimée ici sur une échelle de Cantril à 11 points, allant de 0 (pas du tout satisfait) à 10 (entièrement satisfait). En moyenne, au moment de l’enquête, les hommes et les femmes ont rapporté le même degré de satisfaction à l’égard de leur vie (6,2 et 6,1). Sans surpris, les indicateurs de satisfaction en période de crise sanitaire sont bien en deçà des résultats obtenus au sein de la population en 2018, avant la crise. Et la situation risque encore de s’aggraver pour un grand nombre de personnes. « Le confinement est long, les dates annoncées sont reportées, il y a aussi la crainte d’une nouvelle vague si on relâche trop vite les mesures… l’incertitude est présente à tous les niveaux et c’est quelque chose de très difficile à vivre, surtout sur le long terme », explique Stéphanie van de Perre.

Des consommations problématiques

« Face à toutes ces difficultés, nombreuses sont les personnes qui cherchent à se sentir mieux par n’importe quel moyen. Et même si ce n’est pas la bonne solution, il serait trop facile de les juger », commente Stéphanie van de Perre. Ainsi, d’après l’enquête, 73,5 % des personnes interrogées consomment des boissons alcoolisées et parmi elles, 19,6 % indiquent en consommer davantage qu’avant la crise. L’enquête compte 23 % de fumeurs, et parmi ceux-ci 39 % disent fumer davantage qu’avant la crise. C’est dans le groupe d’âge de 35 à 44 ans que l’augmentation de la consommation d’alcool et de tabac est la plus fréquente. La prise de somnifères ou tranquillisants concerne 21 % des personnes interrogées, parmi lesquelles 42 % ont commencé ou augmenté leur consommation depuis la crise sanitaire. Enfin, environ 6 % des personnes interrogées font usage de drogues. 34,5 % de celles-ci ayant augmenté sa consommation par rapport à la période précédant la crise.

Des services d’aide saturés

Conséquence directe de ces problèmes : les services d’aides sont saturés. Que cela soit les urgences psychiatriques, les appels sur les lignes d’urgence, les consultations chez des professionnels de la santé mentale… partout, on assiste en moyenne à une augmentation de la demande de l’ordre de 20 %. D’après La Ligue bruxelloise de la santé mentale, même sur les lignes d’écoute, le nombre d’appels augmente et il peut être compliqué à certains moments de prendre tous les appels. Au niveau des consultations, les listes d’attente s’allongent. « La crise est loin d’être terminée et ce que l’on voit actuellement des problèmes de santé mentale n’est que la pointe d’un énorme iceberg. Nous voyons aujourd’hui que le nombre de personnes concernées et surtout la durée nécessaire pour les aider seront bien plus importants que prévu. Les fragilités apparues à cause de la crise ne disparaîtront pas directement lorsque celle-ci sera finie », commente Stéphanie van de Perre.

 « On peut également s’attendre à des conséquences importantes au niveau des organisations : une augmentation de l’absentéisme, une difficulté à maintenir la motivation et l’engagement, des tensions et difficultés relationnelles au sein des équipes. Jusqu’à aujourd’hui, de nombreux travailleurs ont tenu et assumé leurs tâches. On pourrait concevoir le risque d’un effet « retour » prochainement », conclut-elle.

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